1920 |
Source : New International [Nouvelle Internationale] vol. 4, n° 1 , janvier 1938, pp. 27-29. Traduit de l'anglais par MIA. |
Le 7 novembre 1920, une « rencontre des participants à la Révolution d'Octobre à Saint-Pétersbourg » se tint à Moscou. Le compte rendu sténographique fut publié en octobre 1922, jour anniversaire de la révolution, dans la revue officielle de la « Commission pour l'histoire de la Révolution d'Octobre et du Parti communiste de Russie », Prolétarskaïa Revolutsia , n° 10.
Le but de cette réunion était de permettre aux principaux protagonistes de la révolution d'échanger leurs souvenirs sur les circonstances de cet événement mémorable. Dans la période précédant et suivant Octobre, personne ne songea à sténographier les discours et les délibérations, à rédiger des procès-verbaux et à laisser des documents pour l'histoire. Ce n'est qu'après l'apaisement de la guerre civile que l'on commença à consigner les vicissitudes de l'action, l'évolution des tactiques et l'élaboration des idées, non seulement pour l'histoire, mais surtout pour l'éducation révolutionnaire. Les conditions du soulèvement d'Octobre, en particulier, étaient restées longtemps obscures et nécessitaient des éclaircissements. La réunion en question fut convoquée à cet effet.
Parmi les personnes présentes figuraient : Olminsky, Kobosev, Smirnov-Deiman, Bogolepov, Kozmine, Koslovski, Losovski, Sadovski, Trotski, Bonch-Bruïevitch, Trotskaïa, Podvoïski, Elizarova (sœur de Lénine), Lezhava, Krassikov, Demian-Bedny. Ces noms sont significatifs. Au cours de la réunion, Trotski fut appelé à son tour à aborder certaines questions à élucider. Nous reproduisons ici une partie de ses souvenirs.
Le lecteur attentif sera immédiatement frappé par le fait que dans ces souvenirs de 1920, publiés en 1922 dans une revue officielle du parti, du vivant de Lénine, Trotsky dit exactement les mêmes choses qu'il a répétées en 1923 et 1924, et jusqu'à nos jours. Mais alors qu'aucun reproche ne lui fut adressé en 1920 et 1922, lorsque ses propos étaient considérés comme une vérité historique, leur répétition aujourd'hui suffit à lui attirer les injures et les calomnies de la presse stalinienne, qui a soigneusement attendu la mort de Lénine pour découvrir que la version de Trotsky était animée de "considérations contre-révolutionnaires". – N.D.R.
Trotsky : Je commencerai mes souvenirs par la séance de la section des soldats.
(Je ne me souviens plus exactement de quoi il s'agissait, du présidium de la section des soldats ou du comité exécutif du Soviet de Saint-Pétersbourg.)
Au cours de cette séance, on apprit que l'état-major du district militaire exigeait l'envoi au front d'environ un tiers des régiments de la garnison de Saint-Pétersbourg. Il s'agissait probablement d'une séance du Comité exécutif ; y étaient présents le socialiste-révolutionnaire de gauche Verba et, parmi nos hommes, Mekhonochine et Sadovsky.
Dès que la nouvelle fut connue, nous commençâmes à délibérer à voix basse, constatant qu'il s'agissait de l'élimination des régiments les plus révolutionnaires et les plus bolcheviques. L'important était donc de tirer le meilleur parti de ce projet, car la question de l'insurrection armée était déjà tranchée. Nous déclarâmes que nous étions prêts à nous soumettre aux exigences de la guerre, mais qu'il était nécessaire de vérifier au préalable s'il n'y avait pas une ruse de Kornilov derrière tout cela. Il fut donc décidé d'élaborer un projet de résolution visant à créer un organisme spécial chargé de vérifier, d'un point de vue militaire, si ces exigences correspondaient réellement au front ou s'il s'agissait d'un stratagème politique.
La section des soldats était l'organe politique de la garnison et n'était pas adaptée à cette tâche. C'est pourquoi nous avons organisé, à cette fin, une sorte de contre-état-major, institution purement militaire.
Les mencheviks nous ont alors interpellés pour savoir si, avec notre organisation, nous ne rompions pas avec l'État-major du district militaire de Pétersbourg. Nous avons répondu par la négative et avons déclaré que nous laissions notre représentant y rester.
À cette séance était présent le socialiste-révolutionnaire de gauche Lazimir (qui mourut plus tard sur le front sud de la Russie), un jeune camarade qui avait travaillé au Commissariat de l'ancienne armée. Il était l'un de ces socialistes-révolutionnaires de gauche qui nous avaient suivis dès le départ. Lors de cette séance, il nous a soutenus et nous nous sommes accrochés à lui. De ce fait, la demande de création d'un Comité de guerre révolutionnaire semblait venir non pas de notre camp, mais de celui d'un socialiste-révolutionnaire de gauche. Les vieux mencheviks, plus experts en questions politiques, commencèrent à dire que tout cela n'était que l'organisation du soulèvement armé.
Parmi ces derniers se trouvait un vieux menchevik bien connu, ancien membre de leur Comité central, qui nous dénonça alors avec un acharnement particulier. En bref, nous proposâmes à Lazimir de rédiger un plan du Comité de guerre révolutionnaire, ce qu'il accepta. Avait-il deviné qu'il s'agissait d'un complot, ou reflétait-il simplement les sentiments révolutionnaires amorphes des socialistes-révolutionnaires de gauche ? Je l'ignore. Je penche plutôt pour la seconde hypothèse. Quoi qu'il en soit, il s'appliqua à cette tâche, tandis que les autres socialistes-révolutionnaires adoptèrent une attitude d'attente et de suspicion, sans toutefois le gêner dans son travail. Après qu'il eut présenté son projet, nous le corrigeâmes en dissimulant autant que possible son caractère insurrectionnel. Le lendemain soir, le projet fut soumis au Soviet de Pétersbourg et adopté.
La question de la création d'un Comité de guerre révolutionnaire avait été soulevée par l'organisation militaire des bolcheviks. En septembre 1917, alors qu'elle discutait de l'organisation d'un soulèvement armé, elle conclut qu'il était indispensable de créer un organisme soviétique extra-parti pour diriger l'insurrection. J'ai informé le camarade Lénine de cette décision. Le moment était particulièrement favorable pour nous. Dans l'appartement d'un des Rakhias, ou dans un appartement indiqué par le camarade Rakhia, se tenait une séance du Comité central, à laquelle assistait M. I. Kalinine. (Je me suis sans doute trompé en disant que le jour de l'insurrection avait été fixé par le Comité central ; que l'insurrection aurait lieu, personne n'en doutait, mais la discussion de cette question au Comité central n'a eu lieu qu'après la naissance du Comité de guerre révolutionnaire.) Lors de cette séance, nous avons discuté la question et, nous basant sur les faits, nous sommes arrivés à la conclusion que si un fait aussi important que le déplacement de la garnison pouvait amener le conflit au point d'une révolution ouverte, alors c'était précisément cette circonstance qui nous aiderait à aller vers les modalités choisies pour la révolution, car nous avions formé le plan de l'accomplir par de simples voies d'une conspiratives.
Cette idée s'est imposée tout naturellement, d'autant plus que la majorité de la garnison nous était gagnée et qu'il fallait concrétiser cet état d'esprit. À ce moment-là, nous étions face à une situation purement militaire, celle d'un grand conflit, sur la base duquel l'intervention pouvait être lancée. Quelqu'un ici se souvient peut-être de la date à laquelle la décision du Comité central à ce sujet a été adoptée ? Ce devait être début octobre, vers le 10, ou peut-être avant.
Podvoisky : Le 9, ou un peu plus tard, après le 12.
Trotsky : Non, car le deuxième congrès des Soviets était fixé au 25. J'ai dit que nous avions fixé le soulèvement armé au 25 également, mais il semblait qu'il restait encore un délai assez long avant cette date.
Kozmin : Le 18, il y a eu l’interpellation de Martov : « Qu’est-ce que ce Comité de guerre révolutionnaire ? » – Et vous avez répondu par la question : « Qui a donné à Martov le droit de nous interpeller de cette manière ? »
Trotsky : C’est exact. Mais je dis que la séance du Comité exécutif, où il fut décidé en principe d’organiser le Comité, s’est tenue avant même la séance décisive du Comité central ; et si vous dites que la séance du Comité central s’est tenue le 10 ou le 12, la décision aurait pu être prise le 7. Ce n’est qu’une approximation. Quant au Comité de guerre lui-même, si on me demandait de révéler sa composition, je ne pourrais plus le dire, même sous peine de mort, même si j’y ai joué un rôle important. Mais cette affaire était devenue un bloc de trois partis et, en bref, chaque parti fournissait ses hommes, envoyait des remplaçants pour remplacer ceux qui étaient fatigués, de sorte qu’il est très difficile d’en nommer les membres officiels. Les noms pourraient être établis à partir des journaux. Le camarade Joffe en était-il membre officiel ?
Une voix : Il l'était.
Trotsky : Et Uritsky ? Il a beaucoup travaillé là-dessus.
Podvoisky : Unschlicht s'est révélé surtout après la révolution.
Trotsky : Lazimir a fait beaucoup de travail.
Kozmin : Je me souviens qu'après le 18 octobre, le Conseil a tenu des sessions incessantes, au cours desquelles vous avez donné des ordres concernant la distribution [d'armes]. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet, nous expliquer comment tout cela s'est déroulé ?
Trotsky : Concernant les armes, voici comment les choses se passèrent. La première source d'approvisionnement en armes fut l'usine de Siestrorietsk. Lorsqu'une délégation d'ouvriers arrivait en déclarant avoir besoin d'armes, je disais : « Mais l'arsenal n'est pas entre nos mains. » Et ils répondaient : « Nous sommes allés à l'usine de Siestrorietsk. » « Alors ? » Ils répondaient : « Si le Soviet l'ordonne, nous les donnerons. » Ce fut la première expérience. J'ai passé commande de 5 000 fusils et ils les ont reçus le jour même. Et tous les journaux bourgeois ont publié la nouvelle. Je me souviens très bien que le Novoïé Vremia en a parlé dans un article, peut-être même dans un éditorial. Et ce seul fait a légalisé nos commandes d'armes. Par la suite, tout s'est accéléré. Après la révolution, lorsque nous, le Comité de guerre révolutionnaire, avons commencé à nommer des commissaires dans toutes les institutions militaires, dans tous les corps de troupe de la garnison et dans tous les commissariats où il y avait des armes, nos commissaires ont remis l'organisation militaire au parti et la disposition des armes est passée naturellement entre nos mains.
Je me souviens encore d'un incident peu important, mais pittoresque. C'était au moment où nous essayions de nous organiser militairement dans le bâtiment même de Smolny. Le détachement de mitrailleurs, chargé de ses fonctions par Kerensky, ne s'est pas révélé très utile, même si les mitrailleurs étaient devenus bolcheviks au moment de la révolution. Grekov était alors le commandant de Smolny. Il passait pour un socialiste-révolutionnaire syndicaliste et fut souvent emprisonné sous les bolcheviks. À cette époque, il nous était très hostile. Après une réunion à la forteresse Pierre-et-Paul, où j'ai acquis la certitude que nous allions non seulement vers la victoire, mais vers une victoire presque sans résistance, Grekov, me conduisant en automobile, m'a dit : « Certes, vous pourriez faire un coup d'État , mais cela ne durerait pas longtemps ; vous seriez étouffés. » Et il ne voulait pas s'associer à nous. Mais le commandant du détachement est venu vers moi et m'a dit : « Nous sommes avec vous. »
Mais lorsque nous avons commencé à examiner les mitrailleuses, nous avons constaté qu'elles étaient toutes hors d'usage. Les soldats étaient épuisés et, de même, inaptes au combat. Nous avons décidé d'introduire à Smolny une compagnie de mitrailleurs, je ne sais plus laquelle. Ce n'est qu'à l'aube du 25 que cette compagnie est arrivée. Un nombre insignifiant de mencheviks et de socialistes-révolutionnaires se trouvaient encore à Smolny. À l'aube, aucun de nous n'avait encore dormi. Tôt le matin, l'air était brumeux, la tension nerveuse – et soudain, dans le couloir, ces mitrailleuses : rrrrrrrr… Les mencheviks se regardaient, pâles, alarmés. Le moindre bruit créait l'alarme. Et dans les couloirs, des trépignements et une agitation générale. C'est alors que les mencheviks évacuèrent définitivement Smolny.
Le 25, le Deuxième Congrès des Soviets s'ouvrit. C'est alors que Dan et Skobelev arrivèrent à Smolny et traversèrent la pièce où je logeais avec Vladimir Ilitch. Ce dernier était emmitouflé dans un mouchoir comme s'il avait mal aux dents, portait d'énormes lunettes, une casquette en lambeaux et avait une allure plutôt étrange. Mais Dan, à l'œil exercé et perçant, regarda autour de lui lorsqu'il nous aperçut, donna un coup de coude à Skobelev, lui fit un clin d'œil et poursuivit sa route. Vladimir Ilitch me donna également un coup de coude : « Ils nous ont reconnus, ces canailles ! »
Nous avons poursuivi le jeu du Comité de guerre révolutionnaire avec l'État-major du district militaire. Nous avons discuté des relations à établir avec les commissaires afin d'éviter toute friction entre la section des soldats et la garnison. Ils ont proposé que leur commissaire soit également commissaire du district militaire. La nomination de nos commissaires dans les régiments ne les a pas contrariés, à condition qu'ils obéissent à leur commissaire.
Podvoisky : La séance décisive où Zinoviev et Kamenev protestèrent contre l'insurrection eut lieu le 13.
Trotsky : Cette séance eut lieu dans l’appartement du menchevik Soukhanov. C’était la nuit du 14. Mais si c’était bien cette date, camarades, il ne restait que très peu de temps entre le congrès soviétique et la séance où fut prononcé le discours de Martov. Non, c’était avant. La première fois que les socialistes-révolutionnaires arrivèrent de l’état-major du district militaire et annoncèrent l’ordre de départ de trois régiments, ce fut au Comité exécutif. Ou peut-être au Comité exécutif de la section des soldats ?
Sadovsky : Je crois que c'était au présidium. Il y avait une séance sous la présidence de Zavadye.
Trotsky : Je n’ai pas assisté à la réunion des militants responsables. J’ai assisté à la réunion préliminaire avec le camarade Lénine, à laquelle étaient présents Zinoviev et Kalinine. Lorsqu’on a demandé à Kalinine si les ouvriers étaient prêts pour le soulèvement, il a répondu par l’affirmative, affirmant que nous ne devions pas laisser passer ce moment. En même temps, la conversation avec Vladimir Ilitch a plutôt porté sur le moment où l’insurrection devait commencer. Une période précise a été fixée jusqu’au début de l’insurrection, au moyen d’une conspiration militaire, utilisant tous les événements, y compris le départ de la garnison. Pour Vladimir Ilitch, venu de Finlande, les événements qui se déroulaient n’étaient pas suffisamment clairs, de sorte que nous n’avons eu que des délibérations. Cette séance a eu lieu après un conseil des militants responsables chez Soukhanov. Étaient présents : Lénine, Zinoviev, Kamenev, Lomov, Yakovleva, Sverdlov. De Moscou, Oppokov ; Je crois que Noguine n'était pas là, Rykov non plus, Staline y était, et Shaoumian, il me semble, aussi. Aucun procès-verbal n'a été dressé. Seuls les votes ont été comptés.
Les discussions portaient sur les principes et les camarades qui s'opposaient à l'insurrection armée étaient plus nombreux que prévu. Dans leur argumentation, ils allaient jusqu'à rejeter le pouvoir des Soviets. Les objections se résumaient à ceci : le soulèvement armé peut aboutir, mais après ? Après, nous ne pourrons pas tenir pour des raisons économiques et sociales, etc. Ainsi, la discussion fut assez approfondie. Des parallèles furent établis avec les journées de juillet, on affirma que les masses pourraient ne pas descendre dans la rue et que nous battrions en retraite. Entre autres arguments, on disait que nous ne pourrions jamais résoudre le problème alimentaire, que nous sombrerions dans la première quinzaine, que Pétersbourg resterait une petite île, que le Comité exécutif des cheminots, les techniciens, les spécialistes, les intellectuels, nous tiendraient à la gorge. Les discussions furent très passionnées, mais j'ai du mal à me souvenir de tous les arguments. Le plus frappant, camarades, c'est que lorsqu'ils ont commencé à nier la possibilité d'un soulèvement armé, les opposants, dans le feu de la discussion, en sont venus à rejeter l'idée du pouvoir soviétique. Nous leur avons demandé : « Alors, quelle est votre position ? » Ils ont répondu : « Poursuivre l'agitation, la propagande, discipliner les masses. » – « Et après ? »
Je ne me souviens plus de la répartition des voix, mais je sais qu'il y avait cinq ou six voix contre et quelque chose comme neuf voix pour l'insurrection.
Je ne garantis bien sûr pas l'exactitude des chiffres. La séance a duré toute la nuit. Nous nous sommes séparés à l'aube. Quelques camarades et moi sommes restés dormir.
Il y avait deux nuances concernant l'insurrection. D'un côté, les Pétersbourgeois (ceux qui travaillaient au Soviet de Saint-Pétersbourg) faisaient dépendre le sort de l'insurrection du conflit résultant de l'évacuation de la ville par la garnison. Vladimir Ilitch n'avait pas peur de l'insurrection et tenait même à la mener à bien, mais il ne voulait pas le laisser dépendre exclusivement de l'évolution du conflit à Saint-Pétersbourg. Ce n'était même plus une nuance, mais plutôt un point de vue ferme.
Notre position était celle de Pétersbourg, c'est-à-dire que Pétersbourg mènerait l'affaire de cette manière ; mais Lénine s'en écartait, voyant plutôt un soulèvement général dans tout le pays et n'accordant pas une si grande place au soulèvement de la garnison de Pétersbourg.
La date du soulèvement fut fixée au 15 octobre.
Podvoisky : Si je me souviens bien, je crois que la séance a eu lieu plus tôt, sinon il y aurait eu un retard.
Trotsky : La réunion des militants responsables eut sans doute lieu après la réunion du Comité central, alors que la question était déjà résolue. C’est alors que Zinoviev et Kamenev furent autorisés à défendre leurs points de vue. Mais la décision du Comité central fut prise. J’en conclus que la réunion du Comité central eut lieu début octobre, le 3, je crois, car je me souviens que le soulèvement était prévu pour le 15 au plus tard. Une nuance apparut précisément concernant la fixation de la date. J’insistai pour que le Comité de guerre révolutionnaire soit chargé de préparer le moment du soulèvement pour le jour du Congrès des Soviets. Cela ne suscita pas de grande discussion, mais il fut décidé que le soulèvement aurait lieu fin octobre ou début novembre.
Kozmin : Cette décision a-t-elle été prise avant ou après le départ des bolcheviks du pré-Parlement ?
Trotsky : C'était après. Quand ce départ a-t-il eu lieu ?
Podvoisky : En septembre.
Trotsky : J’ai dit que c’était après le départ des bolcheviks du Pré-Parlement. Mais je ne peux pas le dire avec précision. Quoi qu’il en soit, cette décision a été prise après la séance de la fraction où la question était débattue : devions-nous entrer ou non au Pré-Parlement ? J’étais partisan du boycott. Rykov ne partageait pas mon point de vue. Ce n’est que plus tard que nous avons reçu une lettre de Lénine en Finlande, dans laquelle il se prononçait en faveur du boycott. Après cela, la séance du Comité central a semblé marquer un effort pour entrer dans les détails, mettre les points sur les « i ». Dans le comportement des noyaux du parti, dans les régiments, parmi les commissaires, nous avons senti une certaine indécision…